И я взволнован был, как встречей с войском грозным,
Но девичьи слова журчали, как бальзам:
"Ты мил мне, господин! И я, как цветик маков,
взглянула на тебя - и вся горю огнём!"...
Те долгие семь лет, которые Иаков
Лавану прослужил, я счёл бы кратким днём.
Ernest d'Hervilly Sous les Platanes
A Auguste Vacquerie*
De la plaine d'azur sombre ou fleurit l'etoile,
Le repos s'epandait, immense, frais, clement!
Le vent des nuits passait dans les tentes de toile ;
Parfois on entendait un grele belement.
Je revais sur le sable a cote de mes chevres,
Mes grands chiens herisses sommeillaient pres de moi,
Quand, soudain, echappee а d'invisibles levres,
Une voix s'eleva qui me remplit d'emoi ;
Et cette voix disait : -- " Tu n'auras point d'amie
Chez les Chananeens; ceins tes reins, et va-t'en;
Va chercher une epouse en Mesopotamie ;
Sous des platanes verts, pensive, elle t'attend ;
" Je benirai tes fils, seigneurs de la vallee
Et du mont, plus nombreux, du ponant au levant,
Que les sables legers que la vague salee
Abandonne au soleil, qui les rejette au vent!
" Tes troupeaux flechiront sous le poids de la laine,
Et tu mesureras ton orge a pleins gomors;
Et, comble d'ans, pleure par le mont et la plaine,
Serein, tu t'etendras sur la couche des morts! "
Je reconnus alors le Seigneur des Armees,
Dont la voix est semblable au bruit des grandes eaux,
Le Dieu fier et jaloux, dont les mains bien-aimees
Nourrissent les lions et les petits oiseaux!
Puis j'eveillai mon pere. Or sur sa barbe grise,
Pluie amere, les pleurs tombaient quand j'eus fini
Mon etrange recit. -- D'une voix qui se brise :.
" Pars, dit-il, que le Dieu d'Abraham soit beni! "
Alors, lorsque l'aurore aux lueurs eclatantes
Empourpra les sommets des monts aux pieds d'azur
Et mit des flammes d'or a la pointe des tentes,
Je pris un serviteur jeune, vaillant et sur.
De bagues, de colliers, d'etoffes bigarrees,
Nous chargeons deux chameaux ruminant a genoux,
Puis, tristes, nous partons. -- Les femmes eplorees
Tendaient avec douleur leurs bras faibles vers nous.
Le voyage fut long. -- Les solitudes mornes
Nous regardaient passer sous l'immense ciel bleu,
Et, reveurs, nous foulions les os blancs et les cornes
Des animaux tombes sous le soleil en feu.
Sous le sable etoile d'aloes aux dards sombres,
Avec un mouvement regulier d'encensoir,
A nos cotes glissaient nos gigantesques ombres,
Mobiles compagnons qui nous quittaient le soir.
Apres vingt jours de marche, а l'heure ou dans ses flammes
Supremes, le soleil expire avec lenteur,
Haletants et poudreux, enfin nous arrivames
Sous des platanes verts, pres du Puits-du-Pasteur.
Une femme etait la, fleur eclose! une femme
De quinze ans ; rose encore etait son tendre orteil ;
C'etait bien la beaute des reves de mon ame!
Elle m'apparaissait dans un nimbe vermeil.
Tantot comme un eclair sombre son oeil eclate,
Tantot il est plus doux que l'Sil doux du ramier ;
Ses deux levres sont comme un ruban d'ecarlate;
Son corps rond, mince et souple est un jeune palmier;
Ainsi qu'un long troupeau de chevres allant boire,
Descend de Galaad les sentiers verdissants,
Ses cheveux s'epandaient sur son beau col d'ivoire ;
Ses seins etaient pareils a deux faons bondissants ;
Sa joue etait semblable a l'enveloppe brune
De la pomme grenade, et rouge de pudeur;
Alors, noble, sans bruit, lente comme la lune
Dans le ciel, elle vint a moi, tremblant d'ardeur ;
Oui, deployant soudain les graces de sa taille
Cette vierge que Dieu lui-meme m'annonca,
Plus terrible pour moi qu'une armee en bataille
Sur le sable attiedi, tres-grave s'avanca,
Et dit: "O mon Seigneur, je t'aime et je suis belle!"
Et me tendit sa main, clef des portes d'Amour!
J'aurais, comme Jacob, servi Laban pour elle,
Et sept ans pour mon coeur n'auraient dure qu'un jour!
Справка.
*Огюст Вакери (1819-1895) - французский поэт, драматург, журналист, автор поэтических сборников "L'Enfer de l'Esprit" (1840) и "Demi-teintes" (1845) и многих других стихов. В течение десятилетий его другом и сотрудником в литературных, журналистских и издательских делах был товарищ по коллежу Поль Мёрис (1818-1905), драматург, сотрудничавший с Дюма-отцом, Жорж Санд, В.Гюго, Э.Золя . Вакери участвовал с ним в переводе для французского театра "Антигоны" Софокла и был автором ряда собственных пьес, в том числе "Погребение Чести", "Жан Бодри", "Сын". Вакери -автор многочисленных статей и воспоминаний. Он - близкий друг Виктора Гюго и его семьи, связанный с ними родственными узами. В 1848-1851 гг. Издавал вместе с Мёрисом и сыновьями В.Гюго газету "L'Evenement". C 1851 по 1869 г. находился рядом с В.Гюго, бывшим в изгнании на островах Джерси, затем Гернси. Сделал в изгнании фотографии В.Гюго и его близких. Участвовал в издании творческого наследия В.Гюго.